Bulletin n°1 avril 1998


 

Sommaire:

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 Page accueil du "DOSSIER OURS DES PYRENEES"

 Page accueil du collège Ste-Anne de Legé (44)

 

Témoignage: le dernier ours abattu à Fos.

Histoire de la réintroduction.

Le suivi de l'ours.

Interview de M.GUILLEN : berger qui a vu l'ours.

"Sauvez-moi" (Poème). 

Références bibliographiques.

Quelques dates et lieux. ...


- Le dernier ours abattu à Fos :

 Arnaud Siman, garagiste à Fos, raconte:

"le dernier ours abattu sur la commune de FOS, l'a été en septembre 1957, j'avais à l'époque 12 ans mais j'en ai gardé un souvenir précis.

La veille, des gens du village avaient été intrigués par le comportement anormal d'un groupe de chèvres, se trouvant dans les champs, derrière la centrale hydroélectrique; c'est à dire proche des habitations. Ils ont découvert le cadavre d'une chèvre, en partie dévorée; il ne pouvait s'agir que d'un ours et ils ont pensé qu'il n'allait pas tarder à revenir sur les lieux; ce qui s'est effectivement passé.

Dans la nuit, quelques chasseurs à l'affût, qui l'avaient attendu, l'ont attendu.

Le lendemain matin, la présence de la bête fut signalée à la sous-préfecture et à l'autorisation d'abattre demandée; celle-ci ayant été accordée, on régularisa la mort de l'ours en la déclarant survenue le lendemain.

La bête fut promenée dans Fos, dépouillée et sa viande vendue ou distribuée aux habitants".

( C.C. )

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- Histoire de la réintroduction :

L'ours des Pyrénées (ursus arctos). Sa taille oscille généralement de 1m50 à 1m80 / 2m ; son poids peut atteindre 250Kg pour le mâle.

Les membres sont courts et forts, à doigts munis de fortes griffes; il est plantigrade et se tient facilement debout.

Sa vue est médiocre mais son ouïe et son odorat excellents.

Il est omnivore : presque entièrement végétarien, il se nourrit de fruits tel que myrtilles, mûres, framboises..., de fruits secs tels que faines, glands, ne dédaigne pas les larves de fourmis et le poisson et adore le miel ; il se montre aussi carnassier.

 Sa disparition:

Au Moyen-Age, l'ours était présent tout le long de la chaîne des Pyrénées.

C'est vers le milieu du XX ème siècle, avant la seconde guerre mondiale que le déclin s'amorce. Deux groupes se constituent, un noyau dans les Pyrénées centrales d'une part ( Cagire-Gar, Luchonais, Val d'Aran espagnol, Ariège et Andorre ), un autre dans la vallée d'Aspe-Ossau, Bigorre, Navarre.

Cent vingt quatre ours ont disparus en 100 ans, victimes de battues, les atteintes aux brebis constituent une véritable catastrophe pour les éleveurs et les bergers, à l'époque non indemnisés pour les dommages causés aux cheptels par les ours, de l'emploi du poison ( bien plus meurtrier, le poison, le plus souvent de la strychnine, était placé dans une bête morte ), de la chasse en solitaire ou en petits groupes ( par les primes allouées ou par la vente de la viande, de la peau et de la graisse, les chasseurs en tiraient de minces bénéfices ).

En 1954, 54 ours sont encore présents.

Aujourd'hui, leur nombre est bien plus faible: 5 dans les Pyrénées Occidentales.

Sa réintroduction:

Elle résulte de l'application du programme LIFE, consigné par la France et l'Espagne, financé à 75% par la communauté européenne. L'objectif est de reconstituer une population viable d'ours tout en prenant en compte les activités humaines dans les régions concernées.

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- Le suivi de l'ours :

Chaque ours a été équipé d'un collier lors de sa capture en Slovénie :

Deux méthodes de repérage ont été utilisées:

Le matériel de télémétrie ( américain ) est composé d'un émetteur VHF, d'un récepteur TR4 et d'une antenne.

L'émetteur fixé au collier, pèse environ 200g.

Le collier, lesté, pèse 1,7 kg et tombe de lui-même à la fin de la durée de vie de l'émetteur ( environ 18 mois ).

Durant les premiers jours de leur lâcher, les balises ARGOS sont restées muettes; aussi a-t-on fixé des récepteurs sous les ailes d'un avion afin de pouvoir les localiser durant les premières semaines du suivi.

Depuis, les ours ont pris leurs repères dans nos Pyrénées et l'emploi de ce système n'est plus nécessaire.

Rappelons que Pyros a perdu son collier fin août 1997, et que l'émetteur fixé au collier de Ziva commence à donner des signes de faiblesse.

Localisation des ours au 17 mars 1998 :

Nous vous rappelons que la survie de l'ours est liée à sa tranquillité.

(C.C / Y.D.)

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-Le berger et l'ours:

Vincent Guillen est âgé de 70 ans, retraité agricole, il habite Gouaux de Luchon (31); bon pied bon œil, il assiste activement son épouse sur l'exploitation familiale.

Il s'agit d'un authentique paysan de montagne, au sens noble du terme, à la fois soucieux du bétail et attentionné à l'espace naturel. Longtemps, il fût un berger passionné, parler de l'ours lui évoque respect et nostalgie; c'est ainsi qu'il me confie volontiers quelques souvenirs et ses méthodes de travail.

A 13 ans, sans discontinuer pendant dix sept années ( jusqu'en 1958 ), le voici donc berger sur l'estive du massif du Burat/Saint-Béat à 2154 m d'altitude.

Du dix juin au vingt septembre, il veille sur 1500 brebis, occupant à son gré les cabanes de Salode ( Gouaux de Luchon ), fidèlement accompagné de ses deux chiens, un labrit des Pyrénées et un patou. Son expérience l'autorise à affirmer quelques principes de base:

Le nombre de pertes annuelles oscillait entre trois et dix brebis dit Vincent tout en regrettant, qu'à son époque, il n'était pas question d'indemnisation.

Notre berger a pour sa part vu l'ours à deux reprises.

La première fois, il était aux environs de minuit lorsque réveillé par des moutons affolés, il sort de la cabane du Burat lampe acétylène en mains. Tout proche, il aperçoit l'ours serrant un mouton dans sa gueule; aussitôt, le plantigrade lâche sa proie, se dresse sur les pattes et s'enfuit.

Sa deuxième rencontre se déroule en territoire espagnol, aux alentours de la cabane de Bausen, village frontalier où il se rend pour aider le berger à trier son troupeau. A cinq heures du matin, il marche sur le chemin d'Artigaous quand soudain une bête s'enfuit devant lui. Intrigué, il évoque cela avec son ami et, ensemble, décident d'inspecter les abords du refuge. A cent mètres du bâtiment, ils surprennent un ours affairé à enterrer les restes d'un mouton; tandis que Martin détale, sa victime est identifiée, elle appartient à un certain Touquère éleveur à Bausen.

De cette longue cohabitation avec l'ours Vincent Guillen en conserve un souvenir vivant empreint d'émotion.

Aujourd'hui, bien que favorable au retour de l'ours, il manifeste quelques craintes à l'égard des adultes réintroduits, uniquement, car dit-il "l'ours n'est pas méchant, il n'a jamais attaqué un homme ni même un enfant sinon je ne serais plus là, et il en sera de même pour les descendants des sujets lâchés".

Avant de conclure Vincent jette un jugement sévère sur les pratiques actuelles de pastoralisme. Il regrette que les agriculteurs aient abandonné, en toute inconscience, leurs troupeaux dans la montagne.

(Propos recueillis le 19 février 1998 par A.Ladeveze)

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 -"Sauvez-moi !" ( poème).

Dans les grandes forêts, au cœur des Pyrénées,

Nous sommes quelques uns, mais pour combien d'années ?

 

Conserver tous les films où l'on parle de moi

"Bonne nuit les petits", Baloo, Winnie, Michka,

Déposez en lieu sûr, vos charmantes peluches,

Les nounours qui calmaient les grosses coqueluches,

Car mes jours sont comptés, fini de gambader,

Voici le dernier cri des ursidés.

 

Bien sûr j'ai attaqué quelques brebis gentilles,

Mais je me suis nourri, très souvent de myrtilles,

Je l'avoue, j'ai commis, dans la nuit, quelques vols,

Mais j'ai aussi traqué de petits campagnols.

 

De l'humain destructeur ou du bon plantigrade,

Quel est donc, de nous deux, celui qui tue, dégrade ?

J'ai déjà disparu des terres du Jura,

Des Alpes et des Vosges. Tel le phylloxera,

L'homme, sans réfléchir, détruit son équilibre,

Et quand il sera seul, sera-t-il bien plus libre ?

 

Quelques ours survivront dans un parc pollué,

Les enfants guetteront un animal muet,

Et jetteront, en vain, pain rassis, cacahuètes,

Vous n'aurez que mépris pour cette pauvre bête?

 

Au rayon souvenir dans un lointain passé,

Quelqu'un vous parlera des "outsaillès" d'Ercé,

Qui dressaient patiemment un ourson sans défense,

Avant de l'exhiber sur les routes de France,

Après avoir troué d'un fer cruel et chaud

Le nez martyrisé, pour toujours, d'un anneau.

 

J'ai franchi bien des mers, j'ai connu l'Amérique,

J'ai dansé, fait le clown, inventé des mimiques,

On m'appelait Martin, j'étais gentil, pataud.

On dirait qu'aujourd'hui je cours à l'échafaud.

 

Sauvez-moi ! Sauvez-moi ! Protégez mon espèce,

Voulez-vous que nounours, lentement, disparaisse ?

Voulez-vous décimer l'ours brun pyrénéen

Dont il ne reste plus, que quelques spécimens ?

 

Laissez-moi, s'il vous plaît quelques petits hectares,

Un parc, quelques sous-bois, les arbres sont si rares,

Où je pourrais enfin, sans crainte des chasseurs,

Oublier doucement mes années de malheur.

 

Post-scriptum :Saluez mes petits camarades,

Les bébés, les enfants,

Signé: Le Plantigrade.

 

(Extrait de "A fleur de cœur", recueil de poèmes de Gilles CASTROVIEJO, février 94)

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-Références bibliographiques.

- " L'ours brun des Pyrénées" de Gérard Caussimont, aux éditions Loubatières ( 249,00 F).

- Vidéo K7 " Le bal de l'ours ", disponible à l' ADET à Arbas. ( 85,00 F + 25,00 F de port ).

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-Quelques dates et lieux :

Dessins de la nature à la plume avec Michel Biaugeaud :

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